À l’occasion de l’élection présidentielle dont le scrutin se déroulera le 7 octobre 2018, un point sur la vitalité démocratique au Cameroun peut se faire. Depuis l’introduction d’un système multipartite, les élections sont devenues le thermomètre de la démocratie, et le pays fait figure de modèle africain. La campagne permet aux différents candidats, au nombre de neuf, de s’exprimer librement.
En 1990, le président Biya, après 8 années à la tête du pays, ouvre le pays aux autres partis politique. Jusqu’à présent, seul le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) pouvait présenter des candidats.
Dès la libéralisation du système politique, de nombreux mouvements politiques sont apparus. Le pays a compté jusqu’à 200 partis à la suite de cette réforme.
Certains candidats présents cette année, tel Amadou Ndam Njoya, furent les témoins de cette période et avait profité de cet évènement pour se lancer en politique. Au fur et à mesure des années, le pouvoir a de mieux en mieux accepté la présence de ces voix contradictoires dans le paysage politique camerounais.
Dans un contexte difficile dans les régions anglophones, la démocratie camerounaise fait preuve d’une vitalité et d’une solidité qui surprend les observateurs extérieurs.
Cependant une connaissance du pays permet de mieux comprendre la manière dont le pays gère une démocratie prenant en compte les spécificités africaines.
Les neufs candidats présents lors de ce scrutin bénéficient ainsi de temps de paroles sur les médias publics (radios et télévisions) déterminés par le ministère de la communication dirigé par Issa Tchimora.
Au total, les candidats disposent, depuis le 24 septembre dernier, date du début de la campagne officielle, de 20 minutes par jour, réparties ainsi : 13 minutes et 20 secondes à la radio, et 6 minutes et 40 secondes à la télévision.
Les différents candidats ciblent bien évidemment le président sortant, objet de toutes les attaques. Signe indéniable de la démocratie camerounaise, les propos sont tenus librement sur les antennes des différents médias. En dehors même des périodes électorales, la liberté de parole des opposants politiques est garantie. Le candidat Serge Espoir Matomba a ainsi pu réclamer par deux fois la démission du président Biya sans être particulièrement inquiété.
Le Cameroun a dans ce contexte accueilli les observateurs envoyés par l’UA (Union Africaine) en charge de s’assurer du bon déroulement des élections.
Néanmoins, les Camerounais semblent en passe de réélire Paul Biya pour un septième mandat. Les raisons en sont simple : les électeurs estiment qu’il est le plus expérimenté afin de permettre au pays de surmonter les difficultés du pays, et le faire entrer de plain-pieds dans le concert des nations modernes.
Une vingtaine de partis d’opposition, incluant même d’anciens candidats opposés à Biya lors des scrutins précédents, ne s’y sont pas trompés en apportant leur soutien au président sortant.